Chers négociateurs fraîchement débarqués, préparez vous au bruit strident de la sonnette d’alarme que ne manqueront pas de tirer les pays les plus vulnérables au changement climatique quand ils poseront la question qui fait mal : que se passe-t-il après la fin des financements précoces fin 2012 ?
Et que fait-on maintenant qu’il n’y a plus de doute que les financements précoces auraient du s’appeler « farce-start » au lieu de « fast-start »? Pour ceux qui en doutent encore, ECO a additionné les chiffres et estime que seulement 33% des financements étaient « nouveaux » par rapport aux engagements pris avant Copenhague et que seulement 24% de l’argent était additionnel aux promesses d’aide existantes. Par dessus le marché, seulement 1/5 des financements ont financé l’adaptation, et moins de la moitié étaient du don. Il nous semble que les élus et négociateurs des pays développés doivent ressortir leurs manuels scolaires pour réviser l’équation « nouveau, additionnel, prévisible, adéquat et équilibre entra adaptation/atténuation pour faire face aux besoins croissants des pays ».
Et pour ceux qui ont besoin de visualiser les « besoins croissants », ECO vous invite à compter le nombre sans précédent de désastres liés aux impacts du changement climatique en 2012 qui – additionnés au niveau de la mer qui monte et qui salinise les systèmes d’eau douce et les terres agricoles – alourdit un peu plus chaque jour la facture de la pollution. Les 100 milliards promis à Copenhague sont de plus en plus insuffisants pour faire face aux conséquences de notre inaction…
Ici à Doha, nous nous apprêtons à tomber dans un vide financier au moment où justement nous avons besoin d’augmenter, et non diminuer, nos efforts financiers. ECO est très inquiet de voir les pays développés arriver à Doha les mains vides.
La confiance dans les 100 milliards risque de se gangrener un peu plus encore. Faut-il rappeler qu’en prenant les financements climat en otage, les pays développés mettent en péril l’accord mondial en 2015 ?
Heureusement, ECO laisse deux semaines en plus aux pays pour revoir leurs positions et…
Accroître les financements climat – ECO ne partira pas de Doha sans la certitude que les financements climat continuent et augmentent en 2013. Entre 2013 et 2015, les pays développés doivent doubler les volumes de financement public par rapport aux financements précoces, dont 10 à 15 milliards de dollars devront être dédiés au Fonds Vert au cours de cette même période.
Progresser sur les sources – pour dormir sur ses deux oreilles, ECO a besoin d’y voir clair sur la trajectoire prévue vers les 100 milliards de dollars par an promis en 2020. Progresser sur la mise en œuvre des sources de financement à fort potentiel sera clé pour prévoir des financements pérennes et à la hauteur des enjeux. Mais à condition que les pays développés y mettent plus de cœur. ECO soutient notamment la recommandation du rapport du Programme sur les Financements de Long-Terme qui appelle à créer un groupe d’experts de l’OMI, OACI et CCNUCC pour examiner différentes options de financement climat pour le transport international. ECO donnera un 20 sur 20 aux pays qui alloueront au moins 25% de la taxe sur les transactions financières européennes au Fonds Vert.
Renforcer la transparence et la comptabilisation – Avec les « farce-start », ECO a appris comment maquiller l’existant en nouveau et additionnel. Désormais, ECO souhaite compléter sa formation en comptant honnêtement et justement. En s’appuyant sur les acquis de Durban, les parties doivent s’accorder sur les formats pour rapporter et vérifier que les financements sont bien nouveaux et additionnels, et répartis de manière équilibrée entre adaptation et atténuation. Il est urgent que les financements soient rapportés de manière transparente et vérifiable.
Finalement, ECO a l’intention de ne pas lâcher sur la nécessité d’un espace politique de haut niveau pour négocier les financements après la clôture de l’AWG-LCA. Quel que soit l’espace de négociation, les financements ne peuvent être relégués au statut de question technique. Il n’y a rien de technique lorsqu’on est victime d’une catastrophe climatique. Les vies et modes de vie sont en jeu, la question des financements pour les sauver mérite d’être prise plus qu’au sérieux.