Nous savons tous que si nous n’arrivons pas à réduire drastiquement nos émissions d’ici à 2020, la fenêtre de tir pour rester sous le seuil de 1,5°C sera définitivement fermée.
La vérité qui dérange c’est que l’UE a déjà atteint son objectif de 20% pour 2020, avec 8 ans d’avance. Et en comptant des crédits de compensation internationaux.
Les émissions de GES européennes ont baissé de 27% depuis 1990 en 2012. C’est donc sans effort supplémentaire que l’UE peut se fixer un objectif de réduction contraignant de -40% pour 2020. L’UE doit acter ce nouvel objectif dans le cadre de la révision des engagements dans la 2ème période du protocole de Kyoto prévue d’ici mai 2014.
Une politique clé pour l’ambition européenne reste le marché européen d’échange des permis d’émissions (EU-ETS), le premier système de cap-and-trade qui permet de couvrir près de la moitié des émissions carbone de l’UE. Le marché carbone européen doit être réformé rapidement car il est de moins en moins efficace pour contrôler la pollution. Il souffre d’une sur-allocation de 2 milliards permis d’émission, notamment liée à une sur-utilisation des crédits de compensation qui a elle même causé la chute du prix du carbone (actuellement coté à moins de 5 €). Il est crucial d’adopter une décision qui va retirer du marché les permis en surplus et renforcer les objectifs de réduction européens.
Au regard de son expérience en matière d’objectifs domestiques, l’UE est bien placée pour proposer la création d’un cadre qui accélèrerait le déploiement jusqu’en 2020 des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique grâce à des efforts de coopération internationale, et éliminerait les barrières au déploiement rapide de ces politiques énergétiques.
L’UE doit s’assurer que son paquet énergie climat 2020 est placé sous le signe de l’ambition et non sous celui de la mollesse. Un échec du bloc européen à consolider sa politique climat régionale fragiliserait sérieusement sa crédibilité internationale.