Lancer les travaux du chantier « 2°C » de l’ADP

C’est avec un certain optimisme que ECO rejoint la table ronde du chantier n°2 de la Plate-Forme de Durban (ADP) – ou «Chantier 2°C», selon la formule d’un négociateur entrant dans la salle de réunion. Toutes les Parties ont noté avec inquiétude à Durban le fossé de l’ambition avant 2020 pré-2020, et après un an sans aucun progrès, Doha semble être le moment de se mettre au travail.

Cependant, les Etats-Unis n’ont pas commencé les discussions du bon pied. Ils ont d’abord expliqué comment leur incapacité à adopter une législation nationale sur le climat (qui, selon le négociateur américain, aurait reposé pour moitié sur les crédits de compensation internationaux, allez savoir comment) constitue un doublement de leur ambition car ils doivent maintenant réaliser ces réductions d’émissions entièrement sur leur territoire. Le problème, c’est que malgré ce relèvement du niveau d’effort national, l’atmosphère ne perdra pas une tonne de carbone supplémentaire.
ECO a bien aimé l’approche du négociateur représentant l’Ethiopie, pays qui a l’ambition de devenir neutre en terme de CO2 d’ici 2025 – un engagement qui n’a pas été perçu comme trop ambitieux – si le soutien nécessaire se concrétiserait.
ECO rejoint les positions des pays en développement qui ont fait remarquer qu’une grande partie du travail pour accroître l’ambition doit se faire en dehors de l’ADP : finaliser les travaux du PK et du LCA avant qu’ils ne ferment ; atteindre le niveau d’ambition le plus élevé possible (notamment en se débarrassant de l’air chaud) dans le cadre de la 2e période d’engagement et au-delà ; et adopter un cadre commun de comptabilisation pour les pays développés qui ne font pas partie de la 2e période du Protocole (les passagers clandestins et ceux qui ont quitté le navire), afin d’assurer la comparabilité des efforts.

ECO a remarqué que les pays mettaient l’accent de manière suspecte sur ce qui est souvent désigné comme les « activités complémentaires ». Soyons clairs : les activités, initiatives ou mesures qui peuvent réduire les émissions de CO2 ou d’autres GES sont les bienvenues, y compris celles situées à l’extérieur du cadre de la CCNUCC. Il s’agit notamment des mesures visant à réduire les HFC (via le Protocole de Montréal), le noir de carbone (black carbone), les émissions liées aux carburants des soutes internationales (pour lesquelles des mécanismes peuvent être conçus générant au passage des financements Climat), et des actions visant à éliminer progressivement les subventions aux énergies fossiles (mentionné à quelques reprises lors de la table ronde, elles représentent un potentiel de réduction de l’ordre de 2 Gt). Mais ces activités, devront s’ajouter aux engagements existants et ne peuvent pas être utilisées comme moyens de les mettre en œuvre. Sans additionnalité, le fossé de l’ambition ne sera pas réduit
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Par ailleurs, toutes ces mesures n’ont pas le même effet à long terme. La réduction des polluants climatiques à courte durée de vie peut contribuer à l’effort, mais son effet sera de plus courte durée (comme leur nom l’indique) et ne peut constituer un substitut à une action sur les polluants climatiques de long terme, tels que le dioxyde de carbone. Comme suggéré par certains pays, on peut envisager des soumissions et des documents techniques visant à analyser l’ensemble de ces options, y compris leur chevauchement ou leur l’additionnalité par rapport aux engagements existants.

Un deuxième ensemble de remarques émises lors de la table ronde du Chantier n°2 de l’ADP concernait le fait qu’un nombre important de pays en développement n’ont pas encore soumis d’engagements d’atténuation ou de NAMAs. Chaque engagement volontaire ou NAMA sera accueilli très favorablement, en particulier ceux de pays en développement dont les capacités économiques sont comparables – voire supérieures – à celles de certains pays développés (moins riches), et dont la responsabilité en termes d’émissions s’accroît. Sur ce point, une évaluation technique du potentiel d’atténuation de ces actions serait utile, et en particulier, un processus visant à identifier les besoins en termes de moyens de mise en œuvre qui permettraient aux pays de présenter, puis mettre en œuvre, leurs objectifs ou leurs NAMA.
ECO se demande si l’attention accordée aux « activités complémentaires » et à la façon d’amener plus de pays à soumettre des objectifs ou des NAMA ne serait pas liée à la position réconfortante qu’elle donne aux pays développés. En effet, ce qui devrait être le troisième pilier de ce Chantier n°2, a reçu beaucoup moins d’attention : il s’agit du niveau pathétique d’ambition des pays développés, sous le Protocole de Kyoto ou en dehors.

Selon ECO, le plan de travail pour ce Chantier n°2 en 2013 doit nécessairement inclure un débat sérieux sur les engagements actuels des pays développés. De toute évidence, retirer les conditions liées aux objectifs ou aux fourchettes d’objectifs est indispensable.  Mais au final, augmenter les objectifs au-delà de l’extrémité supérieure des fourchettes sera inévitable pour que les objectifs des pays développés se situent enfin dans la fourchette de réduction de 25-40%, indiquée par la science. Certaines Parties ont noté que ce débat devra avoir lieu tout au long de 2013, à un niveau ministériel. Sans quoi, la volonté politique ne se matérialisera pas.
En cas d’échec, la crainte d’ECO est que le Chantier n°2 aient un jour un successeur nommé Chantier n°6 (six degrés) !