L’Allemagne a un problème. La plus grande économie de l’Europe risque de ne pas atteindre ses objectifs d’atténuation de 40% de ses émissions par rapport aux niveaux de 1990. Malgré le boom des énergies renouvelables, les émissions de l’Allemagne ont été, à nouveau, en hausse sur les deux dernières années. Si vous pensez que cela est dû à la sortie du nucléaire du pays, alors reposez-vous réellement la question. En fait, avec 27% de la production allemande d’électricité provenant actuellement de sources d’énergie renouvelables, cette technologie propre représente une part plus élevée que celle qu’avait l’énergie nucléaire. La vraie raison de la hausse des émissions de l’Allemagne est le faible prix des certificats d’émission dans le Système Communautaire d’Echange de Quotas d’Emission (SCEQE) européen. En l’absence d’un signal de prix du CO2 crédible, l’utilisation du charbon reste très rentable pour les fournisseurs d’énergie en Europe. En Allemagne, cela est à l’origine non seulement d’une hausse des émissions, mais aussi d’un énorme surplus d’électricité.
Pour y remédier, la ministre de l’Environnement allemande, Barbara Hendricks, lorsqu’elle se rendra à Lima la semaine prochaine, aura quelques nouvelles dans ses bagages. Aujourd’hui, le gouvernement présente un « plan d’action » pour atteindre l’objectif climat 2020 de l’Allemagne. Faisant suite à un débat public, l’Allemagne y annonce une réduction supplémentaire de 22 millions de tonnes de CO2 dans le secteur de l’électricité. Bien que ECO constate que la formulation est vague et la réduction trop faible, les faits derrière le Plan d’Action sont clairs : Pour la première fois, la plus grande économie de l’Europe a l’intention de supprimer du réseau une partie de sa capacité de puissance liée au charbon.
ECO pense que c’est un signal important à Lima: si les pays veulent lutter contre le changement climatique, ils ont besoin d’éliminer progressivement le charbon et d’investir dans les technologies d’énergies renouvelables et dans une efficacité énergétique accrue. Dans une prochaine étape, ECO exhorte l’Allemagne à faire face non seulement aux émissions liées à son charbon domestique, mais aussi aux crédits et aux garanties à l’exportation pour les centrales de charbon à l’étranger. Cela n’est pas sans précédent: il y a quelques jours, la France a abordé cette question et les États-Unis l’ont fait avant eux. En outre, au Royaume-Uni, la construction de nouvelles centrales électriques au charbon est interdite.
Même l’industrie allemande a été étonnamment favorable : dimanche dernier, le plus grand fournisseur d’énergie allemand E.ON a annoncé la vente de son activité liée au charbon, au gaz et au nucléaire et sa focalisation sur les services énergétiques renouvelables et intelligents. La présidence allemande du G7 devrait s’appuyer sur ces développements et former une coalition des bonnes volontés pour œuvrer en faveur du climat : une élimination socialement responsable des combustibles fossiles et 100% d’énergies renouvelables pour tous, aussi vite que possible.