Je viens d’Australie

Je viens d’Australie. Ce qui constitue presque un aveu en ces murs et en ce moment.

Les gens n’arrêtent pas de venir me voir et me demander ce qui se passe. Pourquoi les membres de mon gouvernement font-il des choses aussi terribles concernant la politique climatique ? Pourquoi sont-ils tellement accros au charbon ? Pourquoi sont-ils si déterminés à aller à rebours ? Comment peuvent-ils mettre à la poubelle leurs politiques climatiques alors que le reste de monde se retrouve ici, à Varsovie, pour tenter d’avancer sur le sujet ? Et particulièrement alors que leurs voisins, notamment les Philippines, souffrent de dévastation.

Mais la question principale qu’ils me posent est, “est-ce que les Australiens soutiennent cette attitude négative et ces destructions ?”
La réponse à cette question est catégoriquement non. La majorité des Australiens ne soutiennent pas l’annulation du prix du charbon, la fin du soutien aux énergies renouvelables, le démantèlement de l’Autorité sur le changement climatique et de la Régie pour le financement de l’énergie propre, et l’abandon d’un objectif de réduction à long-terme de la pollution par le charbon de 80 % en 2050.

Si vous en voulez des preuves, ne regardez pas plus loin que la Commission australienne sur le climat. Une des premières choses que le nouveau Gouvernement a fait a été de mettre fin au financement de cet organisme public. Mais en seulement une semaine, plus de 20 000 Australiens ont fait des dons d’argent pour remettre cet organisme indispensable sur ses pieds.

Les Australiens sont favorables à agir sur le changement climatique, parce que nous le vivons depuis le début. Nous avons vu des “inondations séculaires” survenir deux fois en seulement douze mois. Dans la même période le Queensland a affronté le cyclone Yasi, le pire en presque un siècle. Nous avons vécu la pire sécheresse jamais survenue durant la dernière décennie, et certaines parties du pays la subissent encore. A Sydney, où je vis, nous venons tout juste de vivre des incendies de forêts dévastateurs en octobre, au milieu du printemps ! Mais bien entendu rien de tout ça n’est à la hauteur des dégâts causés par le typhon Haiyan.

Un sondage récent a montré que la majorité des Australiens veulent un objectif plus élevé (15 % ou 25 %), tel que l’a recommandé l’Auotorité indépendante sur le changement climatique. Et 65 % des gens ont déclaré vouloir plus d’action sur le changement climatique.
La colation que le Premier ministre Abbott conduit a déjà fait preuve d’un soutien de longue-date à cet fourchette d’objectif, établie en 2009, ainsi qu’à son éventuel renforcement. Nous avons besoin d’une clarification immédiate de la part du Gouvernement.
La plupart des Australiens savent que c’est dans notre intérêt de faire montre de sérieux concernant le réchauffement climatique. Pas seulement parce que nombre de nos voisins y sont si vulnérables, mais aussi parce qu’à moins que nous renforcions notre objectif et agissions davantage, nous risquons de nous retrouver à la traîne du reste du Monde.

Alors écoutez bien, M. le Premier ministre Abott. Nous attendons de vous de venir au sommet de Ban Ki-Moon en septembre 2014 avec un vrai objectif pour 2020, ainsi que des objectifs à long-terme concernant la mitigation et la finance climatique qui soient le juste reflet de la responsabilité de l’Australie. Et nous, Australiens, vous pousseront tous les jours pour nous assurer que vous le faites. En débutant ce dimanche, où les citoyens de tout le pays participeront à la Journée d’action nationale (www.theheat.org.au).

(Ceci est une version adaptée d’une déclaration de Julie-Anne Richards à la conférence de presse du CAN).