Le vaisseau spatial Terre s’est non seulement éloigné de sa trajectoire pour 2020, nécessaire pour rester en dessous des 2°C, mais en plus il s’apprête à dériver encore plus loin. C’est le message qu’a fait passer hier le PNUE dans le Dialogue structuré des experts : Le Gigaton Gap s’agrandit à mesure que nous approchons de 2025 et 2030. Si l’on considère les avertissements du GIEC – la limite de 2°C pourrait être encore trop élevée et risquée – alors la situation semble encore plus mauvaise.
Mais heureusement nous avons un kit de survie à portée de main.
Comme ECO l’a appris de l’AIE, 80% du Gigaton Gap de 2020 dans le secteur de l’énergie pourrait être comblé par des mesures qui n’ont aucun impact sur le PIB, et ce dans toutes les régions (!!). L’efficacité énergétique et les énergies renouvelables sont les outils de survie les plus importants à court et à long terme.
Le PNUE a également souligné l’importance de l’efficacité énergétique qui, dans presque tous les cas, est l’option où l’on obtient beaucoup de victoires et aucune défaite. Alors, vraiment, Cher Pays, qu’attendez-vous ? Pour citer l’intervenant de l’AIE hier: cela ne devrait vraiment pas être si difficile.
Quelle est la voie que nous devons tracer ? Zéro carbone, élimination progressive des émissions et décarbonisation ont été beaucoup entendus hier. En gardant cet objectif à long terme à l’esprit, la Banque mondiale a déclaré que cela devrait être le fondement des politiques à venir.
Que veut vraiment dire le long terme? Selon le PNUE, si nous voulons rester dans la limite de 2°C, nous devrions être à zéro émission d’ici 2080-2100. En ce qui concerne le principal coupable, le CO2, cet objectif de zéro émission devra être réalisé entre 2055 et 2070. Et pour respecter une limite de 1,5°C nous devrions évidemment ramener les émissions de carbone à un niveau zéro encore plus vite.
Le Dialogue des experts a aussi examiné le cas des émissions négatives : plus nous tardons à agir, et plus nous retardons le niveau zéro d’émission, plus nous devrons réduire nos émissions à l’avenir afin de rester en dessous d’un réchauffement de 1,5°C-2°C. ECO a été heureux de constater qu’une prise de conscience avait eu lieu : la principale technologie d’élimination du carbone présupposée dans les modèles actuels – la biomasse avec CCS – est de la théorie pure et simple. On en sait très peu sur ce qui pourrait effectivement être mis en œuvre, étant donné les obstacles et contraintes multiples qui existent dans le monde réel (ECO recommande de lire la boîte à informations dans le rapport du PNUE).
La réalité est que sI les techniques d’élimination du dioxyde de carbone ne sont pas facilement disponibles (selon les hypothèses de la plupart des modèles), les émissions devront être ramenées à un niveau zéro encore plus vite.
L’AIE a rappelé aux pays que les investisseurs attendent des signaux clairs à Paris. Qu’est-ce qu’un investissement sûr ? S’agit-il d’une technologie (encore) à haute teneur ou bien sobre en carbone ?
Après avoir écouté attentivement les experts, ECO est plus que jamais convaincu de la nécessité de signaux forts dans l’accord de Paris : une élimination complète des combustibles fossiles d’ici 2050, et une transition équitable vers 100% d’énergies renouvelables pour tous. Et pour arriver à temps, l’élimination des énergies fossiles doit commencer aujourd’hui.