Alors que les pays entament le chemin vers un accord mondial en 2015, ECO rappelle qu’une pierre essentielle à l’édifice fait toujours cruellement défaut. D’après le Rapport sur le fossé de l’ambition du Pnue, le décalage entre les efforts annoncés pour la réduction des émissions avant 2020 et ce qu’il est nécessaire de faire pour maintenir la hausse des temperatures en-deça d’1,5 ou de 2°C est de 8 à 12 milliards de tonnes de CO2 (UNEP 2013). ECO aimerait savoir comment les Parties pensent parvenir à un accord mondial à Paris si elles n’augmentent pas leur ambition pré-2020 de manière significative. Les émissions mondiales doivent culminer d’ici 2015. Sans cela, il faudra revoir toute la base de la négociation de Paris, pour prendre en compte des besoins financiers supplémentaires pour l’adaptation et les pertes et dommages.
Combien de vies supplémentaires seront menacées en raison de votre inaction ? Combien d’activistes du climat devront risquer leur existence pour dénoncer votre manque de volonté politique et votre dépendance anachronique aux énergies fossiles ?
ECO est fatigué de répéter sans cesse que 2020, c’est trop tard pour commencer à agir. Sans une accélération des mesures d’atténuation à court terme, les typhons comme Haiyan deviendront ordinaires. Les experts nous disent qu’une trajectoire de 2°C de réchauffement suppose un pic immédiat des émissions mondiales, ainsi qu’une baisse bien plus rapide des émissions issues des énergies fossiles – d’au moins 3% en 2019 et 4% en 2036 (Stockholm Environment Institute, 2013). C’est votre décision politique : si vous choisissez une voie moins ambitieuse, qui assumera la responsabilité de risques climatiques accrus ?
La COP19 est quasiment la dernière occasion dont vous disposez pour augmenter vos efforts d’atténuation avant-2020. ECO vous demande prendre la décision à Varsovie que tous les pays développés, et pas seulement les Parties au Protocole de Kyoto, prennent les devants et annoncent des engagements de réduction d’émissions supérieurs. Ceci, à la réunion ministérielle de Bonn au printemps prochain. D’ailleurs, ECO est profondément inquiet face aux rumeurs qui circulent actuellement, en provenance de certains pays de l’Annexe 1 : certains pourraient en fait diminuer leur niveau d’ambition avant 2020, pourtant bien insuffisant ! En outre, à la ministérielle de Bonn, les pays en développement devront également annoncer de nouvelles NAMA, tout en clarifiant leurs besoins de financement.
ECO estime qu’il y a une dynamique positive autour des initiatives internationales complémentaires. Tout d’abord, les HFC : nous devons espérer que la COP19 envoie un signal au Protocole de Montréal pour l’élimination rapide de ces gaz fluorés. Les conditions semblent réunies, il est temps d’acter cette décision. Parmi les autres initiatives complémentaires, les pays doivent échanger à Varsovie sur des propositions concrètes pour intensifier le développement mondial des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. ECO donc tous les pays à adopter d’ici la COP20 un objectif mondial de développement des énergies renouvelables de 25% à l’horizon 2020 (hors biomasse traditionnelle), et à doubler le taux mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique entre 2014 et 2020. Ces deux mesures nous aideraient à économiser entre 7,5 et 8,5 milliards de tonnes de CO2 d’ici 2020 ! Les pays développés doivent mener la danse et soumettre dès que possible, en plus de leurs propres objectifs de réduction d’émissions de GES, des objectifs de développement des énergies renouvelables et d’efficacité énergétique.
Enfin, combien de milliards d’argent public continueront d’être dépensés par les pays développés pour aller dans les poches des grandes industries pétrolières, gazières et du charbon ? L’élimination des subventions aux énergies fossiles, principalement dans les pays de l’Annexe 1, est un élément crucial pour accélérer les efforts d’atténuation à court terme.
Bob Dylan se demandait : « Combien de routes un homme doit-il parcourir avant qu’on puisse l’appeler un homme ? ». ECO espère sincèrement que la fin de la route pour accroître nos efforts de réduction d’émissions à court terme est juste devant nous.