L’Afrique cherche toujours sa solution pour faire face à un double défi : donner accès à l’énergie à l’ensemble de ses populations tout en anticipant la finitude des ressources fossiles et l’impact croissant des changements climatiques.
La pauvreté, insécurité et précarité énergétique qui caractérisent le continent conditionnent sa croissance et influencent son développement. La demande d’énergie en Afrique n’est pas satisfaite et freine le développement économique, la création d’entreprises et d’emploi, l’accès à l’éducation et aux systèmes de santé performants. Pire, une grande partie des communautés n’ont toujours pas accès à l’électricité pour leurs besoins vitaux. Peut être parce que dans les dernières décennies, les choix énergétiques sur le continent donnent la priorité aux énergies fossiles – charbon et pétrole – qui contribuent à dégrader l’environnement, à renforcer la pauvreté énergétique et ne permettent pas de faire face aux changements climatiques.
Pourtant les sources ne manquent pas sur le continent, et le potentiel est infini pour répondre aux besoins énergétiques de l’Afrique et même au-delà. C’est pour faire face à ce défi que les ONG se sont mobilisées à Rio+20 pour proposer des solutions: les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique! Energie pour tous ou Energy for all, ce slogan devenu le credo de toutes les institutions trouvera-t-il exécuteur, dans un monde de plus en plus aveugle aux sources d’énergies les moins polluantes, les plus sobre en carbone mais entreprenant pour le gaz de schiste ? Pour les sables bitumineux ? De plus en plus aveugle aussi aux besoins des plus vulnérables.
En route vers Rio, la société civile a exprimé les préoccupations quotidiennes des communautés vulnérables ! Ces attentes se déclinaient en : droit à l’énergie durable pour les communautés ; indépendance vis-à-vis des énergies fossiles ; promotion des politiques d’efficacité énergétique ; réformes et gouvernance amélioré dans la gestion énergétique. Loin du compte, Rio a préféré l’économie verte, le capitalisme, les entreprises privées, les multinationales, sans oublier les ressources pétrolières et bientôt finies.
Si l’Afrique continue d’affirmer qu’il faut tirer profit du soleil, pour lutter efficacement contre les changements climatiques et garantir un développement durable et sobre en carbone, les projets sont insuffisants pour changer la trajectoire de développement. La politique régionale en matière d’énergie renouvelables de la CEDEAO promet une politique du changement mais les acteurs sont-ils assez forts pour faire le choix difficile entre retour rapide sur investissement et la survie, sur le plus long terme, de millions d’Africains dans un contexte de réchauffement climatique et de ressources finies.
Ange David Emmanuel Baimey
Réseau Climat & Développement
www.climatedevelopment.org