En parlant de climat, Doha parle également de développement. Parmi les phénomènes liés aux changements climatiques, on constate que le phénomène d’accaparement des terres s’est accéléré à la fin des années 2000 et touche essentiellement l’Afrique (62 % des transactions).
Les chiffres sont alarmants : Oxfam indique un accroissement des investissements étrangers dans des pays en développement de 200% entre mi-2008 et 2009; la Banque Mondiale estime les acquisitions effectuées en 2009 à 45 millions d’hectares, soit dix fois plus qu’en 2008; la FAO révèle qu’au cours des cinq dernières années, 50 à 80 millions d’hectares de terres agricoles dans les pays en développement ont fait l’objet d’achat ou de location. Ce qui inquiète le plus est ce à quoi les terres sont destinées: monocultures intensives et sécurité alimentaire du pays de l’investisseur.
L’enjeu est d’arriver à définir une meilleure gouvernance foncière qui pourrait empêcher les accaparements de terres, protéger les droits des communautés rurales contre toutes les formes d’accaparement foncier et in fine, contribuer à la sécurité et la souveraineté alimentaire des populations locales.
Les négociateurs et Ministres réunis à Doha doivent négocier des politiques climatiques qui permettent d’endiguer ce phénomène. Nous attendons des pays développés qu’ils développent des politiques agricoles qui luttent contre l’accaparement des terres au lieu d’y contribuer. Nous attendons aussi que les pays-victimes du phénomène d’accaparement des terres se mobilisent sans plus tarder pour :
- s’approprier les « directives volontaires sur la gouvernance responsable des régimes fonciers, dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale » adoptées en mai 2012 par le Comité de la sécurité alimentaire mondiale et les appliquer à travers des réformes des politiques foncières.
- promouvoir la participation de tous (communautés, associations paysannes, ONG, etc.) aux processus de prise de décision relatifs à la gouvernance foncière.
- s’inspirer de l’exemple du Niger qui s’est doté d’une politique foncière originale appelée Code Rural qui reconnaît la validité des droits coutumiers. Depuis lors, les investisseurs privés ont du mal à acquérir des terres au Niger du fait de l’absence des politiques de promotion des exportations, à la différence de beaucoup d’autres pays d’Afrique.
Yaovi L. KOGBE,
Les Amis de la Terre-Togo